Aménagement urbain : la concertation d’un panel de citoyens pour le quartier Rouen-Flaubert

Septembre 2019 : l’entrepôt Normandie Logistique prend feu ainsi que l’usine Lubrizol juste à côté du futur quartier actuellement en friche : Rouen-Flaubert. Une nouvelle étape de concertation est alors organisée, afin de déterminer quelles évolutions doivent être apportées au projet d’aménagement.

Interview de Mathilde Maulat, consultante senior, et Samuel Capitant, consultant, qui ont piloté et animé cette mission chez bluenove.

 

En quoi ce projet d’aménagement représentait un fort enjeu pour bluenove ?

 

Mathilde Maulat : bluenove est présent sur les marchés du secteur public, notamment sur des enjeux de participation citoyenne. Nous voulons renforcer notre présence auprès des régions et des métropoles, ce qui est le cas de Rouen. Pour nous, c’est une première référence sur un projet d’aménagement urbain. Un projet d’autant plus intéressant que sur ce territoire qu’est le quartier Rouen-Flaubert, il y a déjà eu une concertation. Il s’agit de faire évoluer la réflexion, en lien avec la maîtrise d’ouvrage et l’ensemble des acteurs qui interviennent sur ce site. C’est un éco-quartier, donc cela permet d’aborder et de faire réfléchir la population sur des enjeux essentiels, comme la place de la nature dans la ville. C’est aussi l’occasion pour bluenove d’expérimenter encore de nouveaux formats d’ateliers citoyens en ligne, et d’enrichir nos références en matière d’urbanisme, d’aménagement et de concertation publique. La dimension participative d’un tel projet est passionnante car cela permet de préfigurer un nouveau rôle pour chacun dans le quartier, et de s’interroger sur la manière de créer l’engagement chez les usagers pour participer à la vie du quartier.

 

Quelle méthodologie avez-vous retenue ?

 

Samuel Capitant : Nous avons panaché différents outils et méthodologies. Comme nous avions une centaine de citoyens participants répartis en 5 à 8 groupes, nous avons répété le même atelier plusieurs fois tout en prenant soin de l’améliorer et d’itérer entre chaque atelier, en fonction des premiers retours que nous avons pu avoir. Nous avons conçu quatre temps de travail et avons animé en tout une vingtaine d’ateliers participatifs sur plusieurs mois, qui portaient sur les risques (naturels, industriels et nuisances) dans la conception du quartier et des bâtiments, puis sur la biodiversité et la nature en ville.

En termes d’outils, nous avons utilisé Assembl Live, qui nous a permis d’alterner à la fois des temps individuels de réponses, puis des échanges collectifs en réaction. Chacun a pu s’exprimer afin de faire émerger des pistes concrètes.

photolangage Rouen-Flaubert ecoquartier
Exemple d’un atelier portant sur le photolangage

Assembl Live a ainsi été utilisé lors des premiers ateliers sur les risques, et les peurs associées, afin de recueillir dès le début l’expression de ces inquiétudes, mais également pour voter sur différents scénarios d’aménagement pour la “zone de transition” (espace du quartier le plus proche des industries et accolé à l’autoroute) – des éléments essentiels à la maîtrise d’ouvrage dans la prise de décision.

Nous avons également effectué un travail sur les “persona”, une méthodologie héritée du design thinking : le quartier ayant vocation à accueillir plus de 15 000 usagers très divers, chaque groupe a tiré au sort un personnage fictif, pour prendre en compte une diversité d’usages et formuler des propositions adaptées à la prévention et la gestion des risques pour tous les publics. Enfin, nous avons utilisé le design fiction avec la méthodologie Bright Mirror, des ateliers d’écriture collaborative pour concevoir à plusieurs des récits d’imaginaires collectifs, afin de projeter les citoyens du quartier en 2035, et s’interroger sur la biodiversité et la nature en ville.

 

 

Bright Mirror-Nature en ville-Rouen-Flaubert

 

M.M : L’intérêt de ce panel de citoyen était que nous retrouvions les mêmes personnes tout au long de la concertation et avons ainsi pu les faire monter en compétence afin de produire  une réflexion et une délibération très qualitatives. Nous avons vraiment eu un rôle d’accompagnement à la décision auprès d’eux.

 

En quoi mobiliser des citoyens sur un tel projet était pertinent ? Quelle a été leur implication durant les ateliers ?

 

M.M : La démarche a débuté par un questionnaire, sur le site de la métropole de Rouen, « Je participe » et sont ressortis deux thèmes d’intérêts majeurs : les risques et la nature en ville. Un appel à volontaires d’un panel de citoyens est né suite à cela. Lors des municipales de 2020, il y avait une forte attente des rouennais sur les suites de l’incident de Lubrizol. Les mobiliser a permis de les sensibiliser au sujet des risques et ils ont clairement apporté des contributions riches à la maîtrise d’ouvrage. Leur vision a été complétée par certains ateliers réservés aux industriels et associations, acteurs aussi de ce sujet.

 

Personnellement, qu’est-ce qui vous a plu dans cette mission ? Qu’est-ce que vous avez appris ?

 

S.C :  C’est la première fois que je travaille avec le service de participation citoyenne d’une collectivité locale, déjà formé sur le sujet. Eux nous apportaient leur expérience de démarches de concertation et leur connaissance fine du territoire et des habitants, et nous, notre expertise méthodologique. Tout cela a permis  une collaboration fructueuse, complémentaire et conviviale !

M.M : Personnellement, j’avais vécu AZF à Toulouse donc c’était passionnant de travailler sur ce genre de sujet, un sujet qui associe rarement les citoyens. Maintenant, nous avons hâte d’être en 2035 pour voir à quoi ressemblera le quartier Rouen-Flaubert !

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