Amiens 2021 : le retour des Rencontres de la participation en présentiel !

Quatre bluenoviens étaient présents à Amiens, pour participer à l’édition 2021 des Rencontres européennes de la participation, organisées par Décider Ensemble : 3 jours d’ateliers, débats et partages d’expérience pour se rencontrer et partager des bonnes pratiques entre professionnels de la concertation et de la participation citoyenne, mais aussi chercheurs et experts, collectifs et citoyens. Le format était néanmoins hybride cette année, avec également deux jours de Rencontres numériques. 

 

Des Rencontres… européennes !

L’équipe de bluenove a ainsi pu participer à de nombreux ateliers sur des sujets divers : la démocratie sanitaire à l’épreuve du Covid-19, la participation citoyenne dans les chantiers d’infrastructures de transports, l’impact  des fake news sur la participation, l’interpellation citoyenne des élus locaux, la transition démocratique au service des transitions écologiques, sociales et économiques, etc. 

Mais surtout, ces Rencontres étaient pour la première fois “européennes” – et étaient en effet mis à l’honneur cette année de nombreuses démarches et consultations menées en Europe : “La conférence sur l’avenir de l’Europe”, “Participation citoyenne dans les gares et leurs quartiers d’Europe”, “Participation multi-linguale dans l’Union européenne”, etc. 

 

Décider en temps de crise, concerter en distanciel : analyse des bouleversements

De nombreux intervenants (responsables associatifs, experts, élus territoriaux…) ont souligné qu’en temps de crise sanitaire, les décisions avaient été prises de manière centralisée malgré la nécessaire mobilisation de l’ensemble des échelons territoriaux, et que le fonctionnement des institutions avaient été mis à l’épreuve. 

Un débat inspirant sur la démocratie sanitaire est notamment revenu sur le manque de collégialité dans les décisions, qui s’est traduit par des désaccords dans le monde hospitalier sur les déprogrammations d’opérations, la mise à l’arrêt de certains services à domicile (portage de repas…) ou encore le tri des patients. Pour la Ligue nationale de lutte contre le cancer, le sociologue Henri Bergeron et Pierre-André Juven, adjoint à la santé de la ville de Grenoble, il apparaît qu’un des enseignements de cette crise est qu’il aurait fallu s’appuyer sur des instances pluridisciplinaires de concertation d’ores et déjà existantes et éprouvées – plutôt que de créer pléthore d’instances nouvelles (conseil scientifique, conseil de la vaccination…). 

Parmi les autres dérives identifiées, l’augmentation des fake news était au coeur d’une plénière qui a permis de clarifier les fondements de ce terme très répandu, mais pas toujours utilisé à bon escient. Celles-ci ne sont pas simplement des informations inexactes, mais résultent de documents volontairement falsifiés dans l’objectif de nuire ou de profiter de sa diffusion. Enfin, les modes de diffusion des fake news sont toujours massifs, et elles ne sont pas toujours relayées par des personnes mais aussi de manière artificielle – par exemple par un bot. Mais la participation est plutôt épargnée par le phénomène des fake news, même si les intervenants observent la présence de références complotistes et de défiance dans les contributions. 

 

bluenove, aux côtés de Rouen et de Malakoff sur la démocratie numérique et l’organisation d’ateliers à distance

bluenove Rouen metropoleParmi ces bouleversements, de nombreuses collectivités et institutions ont fait part de leur transition “plus ou moins contrainte” vers des dispositifs de concertation par le numérique. Au cours d’un atelier de partage d’expérience, Mathilde Maulat, consultante senior chez bluenove, était aux côtés d’Isadora Guerra, responsable du service Participation et citoyenneté de la Métropole Rouen-Normandie, et de Léo Barthélémy, chargé de mission à la ville de Malakoff (Hauts-de-Seine). Dans cette dernière, les réunions de conseils de quartier afin de co-construire une charte de la participation, ont transité en distanciel. La Métropole de Rouen organisait quant à elle une concertation citoyenne accompagnée par bluenove au sujet du projet du quartier Flaubert à Rouen – à proximité de l’usine Lubrizol qui a pris feu en 2019. 

Les collectivités ont été toutes deux surprises, dès le début de leur démarche, par la crise sanitaire et l’annonce du confinement. Mais la concertation ne saurait s’arrêter du fait de l’impossibilité de se retrouver physiquement : en faisant de ces démarches des dispositifs numériques et en s’essayant à de nouvelles pratiques de la participation à distance, les participants ont pu être plus nombreux d’une part, et expérimenter de nouveaux formats d’autre part. 

En effet, la Métropole Rouen-Normandie, en faisant appel à bluenove et à sa solution technologique Assembl Live, a pu tenir une vingtaine d’ateliers à destination de 100 volontaires, via des formats innovants : Bright Mirror, persona, préférendum… 

Mathilde Maulat a ainsi pu partager quelques ingrédients pour un atelier réussi : un exercice participatif, en présentiel comme à distance, doit être un temps de partage qui permet à toutes et tous de prendre sa place dans le groupe, dans de bonnes conditions pour exprimer son avis librement. Accueil en musique, météo, icebreaker ludique mais aussi utile à l’échange…autant de recettes pour embarquer les personnes dans l’atelier. Le défi est ainsi de mettre immédiatement les participants en position d’acteurs et de les faire travailler en sous-groupe de 3 à 4 personnes maximum pour qu’ils puissent faire connaissance et s’exprimer. 

Il ne faut pas hésiter à mêler participation synchrone et asynchrone : cela permettra une acculturation aux outils utilisés et une prise en main plus rapide au cours de l’atelier.

 

Mobiliser les jeunes à l’échelle internationale : l’exemple de l’OIF

webinar bluenove

Les jeunes sont la première population abstentionniste, à plus de 80% aux dernières élections. Ils sont pourtant charnières dans les transitions démocratiques, écologiques, sociales et économiques qui se profilent. Ils s’intéressent moins que leurs aînés aux dispositifs de la démocratie représentative, et il faut donc trouver de nouveaux moyens de les faire participer. Nous avons eu l’occasion d’aller vers eux avec l’OIF.

Comment mobiliser la jeunesse au-delà de nos frontières ? Et comment impliquer et inciter la jeunesse à participer à une consultation, qui soit accessible et pédagogique ? 

Lors d’un webinar organisé par Décider Ensemble le 17 septembre, retour sur deux expériences : la consultation “Francophonie de l’avenir”, organisée par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à l’occasion de ses 50 ans et bluenove, et la consultation “Jeunes, quelles sont vos priorités pour l’Europe de demain ?”, pilotée par le Ministère des Affaires étrangères avec Make.org. 

Alicia Combaz, Directrice générale de Make.org, et Hajar Chokairi, consultante senior chez bluenove, ont pu partager les enjeux et résultats de ces deux grandes consultations. Les  intervenantes ont notamment insisté sur la complémentarité entre le digital et le présentiel comme facteur clé de succès. Pour rendre une consultation massive et toucher 50 000 jeunes au niveau européen et 120 000 francophones dans le cadre de “Francophonie de l’avenir”, le digital est indispensable. Mais ensuite, des ateliers, des rencontres, des échanges entre participants sont importants pour rendre la démarche accessible. Ainsi, près de 100 ateliers dans 18 pays ont été organisés au-delà de la participation en ligne sur la démarche de l’OIF.

Parmi les autres facteurs clés de succès, Hajar a cité la participation forte reposant sur un vaste plan de communication et l’implication des parties prenantes de l’OIF, la possibilité de répondre à la consultation au moyen de formulaires papier et la mobilisation d’un réseau d’ambassadeurs de la démarche, volontaires et impliqués. Les résultats de la consultation sont à retrouver sur cette vidéo.

La transition démocratique, outil au service des transformations

Nous avons profité de cet évènement pour découvrir de riches initiatives. La plénière “Quelle transition démocratique pour réussir les transitions écologiques, sociales et économiques ? » a donné la parole à Pauline Véron, Samuel Grzybowski, Armel Le Coz et Jean-Michel Fourniau, et a éclairé diverses initiatives comme les projets de Démocratie ouverte, ou encore la Rencontre des justices et la Primaire populaire. Leur objectif est de décloisonner et faire converger des écosystèmes différents – comme par exemple les entrepreneurs et les activistes qui ont des tactiques et stratégies différentes mais poursuivent souvent les mêmes objectifs. 

Il y a une forte demande sociale de participation, mais celle-ci se heurte au manque de disponibilité. Les citoyens ne souhaitent pas participer à tout, tout le temps, mais le revendiquent lorsqu’ils se sentent concernés

Loïc Blondiaux

Pour réussir les transitions, les outils participatifs sont divers. Nous avons approfondi le sujet de l’interpellation citoyenne : des intervenantes et intervenants travaillant à la démocratie locale au sein de 4 villes sont venus partager leur expérience de la prise en compte de l’interpellation citoyenne : Gennevilliers, Barcelone, Carpentras et Grenoble. Celle-ci est protéiforme : courrier individuel, demande en direct ou sur les réseaux sociaux, pétition, tribune de presse… 

L’interpellation citoyenne peut être encadrée : avec des critères d’accès et des débouchés possibles, qui sont de trois ordres : information des citoyens, débouchés consultatifs (pétition, réunions de travail) ou débouchés décisionnels (par exemple avec la mise en place d’un référendum local). Grenoble a pu formaliser une mise à l’agenda des demandes citoyennes après une pétition de plus de 2 000 signatures, et une votation citoyenne qui engage le maire en cas de pétition signée par plus de 20 000 citoyens (“veto citoyen”). Pourtant, des risques existent : création d’une “usine à gaz” difficile à suivre, détournement par les élus… De plus, des embûches administratives existent et la votation citoyenne a déjà été retoquée par les autorités administratives à ce sujet.

 

Après 3 jours de présentiel et 2 jours à distance consacrés au partage et à la réflexion autour des outils et démarches de démocratie participative, l’écosystème de la participation évolue ensemble et se montre résilient face aux crises vécues. 

De nombreux projets avancent vers une participation accrue des citoyens à la vie publique, pour co-construire ensemble le monde de demain. Rendez-vous l’année prochaine pour suivre ces évolutions !