Les concours d’idées sont morts ! Vive les concours de… conversations !

Dans mon livre De l’Open Innovation à l’intelligence collective (Dunod), je décris longuement, de la page 98 à 111, les principes d’organisation, d’animation, les avantages mais aussi les points faibles des concours d’innovation internes et externes.

Dans sa version interne, ce dispositif, actionné quasiment chaque année par la plupart des entreprises, est devenu un incontournable de la palette des leviers d’action d’une Direction de l’Innovation. Il contribue à developper une culture de l’innovation au sein des organisations avec pour objectif de faire émerger des projets (plus que des idées) les plus innovants possibles et des équipes pour les porter, mais il comporte plusieurs défauts voire des aspects contre-productifs. Parmi eux figurent notamment :

>Des idées qui ne bénéficient pas à plein du potentiel de l’intelligence collective : elles sont en effet généralement abordées par une équipe restreinte (voire un individu) qui va plutôt chercher à ne pas suffisamment partager son idée du fait du caractère compétitif associé au format de concours. La maturation et l’approfondissement de l’idée d’origine sont de facto limités et freinés alors que l’objectif est d’utiliser au maximum l’intelligence collective, sérendipienne, transverse, désilottée et multidisciplinaire pour la faire passer autant que possible de l’état d’idée à celle de projet pendant les quelques semaines de la durée du concours.

>Des équipes qui se construisent trop tôt en amont : au même titre que l’idée d’origine passe à coté d’enrichissement, d’approfondissement, de problématisation, d’argumentation parce que pas assez ouvertement partagée avec le plus grand nombre possible de contributeurs, elle ne profite pas assez de l’ensemble des compétences et profils susceptibles d’y contribuer. L’approche « Projet » survient en fait trop tôt dans le processus d’Ideation au travers de la constitution d’une équipe prédéfinie, alors que la dynamique d’une « Communauté » qui viendrait s’agréger progressivement autour de l’idée au fur et à mesure de son émergence et de sa maturation serait bien plus appropriée.

>Une participation trop binaire, « Tu rejoins une équipe … ou pas », « Des gagnants, des perdants », alors qu’il serait possible de prendre en compte différentes manières et différents degrés de participation d’un plus grand nombre de personnes, avec la bonne méthode d’évaluation et de mesure des contributions d’un participant Leader (qui lance et anime le processus de co-construction d’une solution face à un problème à résoudre), d’un participant Actif (qui contribue très activement en termes de contenus et de temps passé), Réactif (qui aide à problématiser, à argumenter, à approfondir, à prioriser), Apprenant/Sponsor (qui découvre de nouveaux sujets, apprend, se créé une opinion et s’approprie ainsi la proposition de valeur pour la soutenir dès à présent et tout au long de son processus d’innovation et de changement à suivre).

Des critères d’ « actionnabilité » de l’idée et de dynamique communautaire pas suffisamment valorisés lors des étapes de sélection : une solution proposée pour résoudre un problème identifié devrait être présentée sous la forme d’un triptyque « Problème(s) / Solution(s) / Arguments » afin de pouvoir bien juger à quel point il s’agit d’une solution réellement actionnable. Plus une solution est décrite dans le détail (sous la forme d’un Mind Map) avec toute la richesse et la profondeur des problèmes et des arguments qui ont pu être collectés largement auprès du plus grand nombre de contributeurs et de compétences variées, plus la Solution peut être estimée comme Actionnable. De la même manière, plus que l’équipe qui se présente classiquement autour d’un nouveau projet, c’est plutôt la communauté qu’elle a commencé à mobiliser autour d’elle (sa taille, sa diversité, sa crédibilité, sa dynamique, sa dimension inclusive) qui devrait être évaluée. Alors que les membres d’un jury d’un concours classique jugent en général les propositions sur la base de critères que sont 1) le caractère innovant 2) l’équipe (de seulement 3 à 5 personnes) 3) la faisabilité 4) l’impact financier 5) l’alignement avec la raison d’être / les valeurs de l’entreprise, etc., le focus devrait plutôt se porter sur l’actionnabilité et la dynamique communautaire, tous deux garants d’un cycle d’innovation plus court et plus impactant.

 

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Il est désormais temps que le bon vieux concours d’idées se réinvente et innove lui-même dans son format et ses objectifs !

Le concours d’innovation de demain devrait ainsi plutôt se métamorphoser en « concours de conversations » avec les caractéristiques suivantes :

  • Prendre le temps d’expliquer clairement aux participants le changement de paradigme entre « idée/projet » et « conversation/solutions actionnables » et ce qu’il implique en terme d’objectifs, de format et de processus.
  • S’appuyer sur une plateforme logicielle adaptée qui 1) favorise les conversations en ligne asynchrones (de type forum), 2) permet le brief sous forme de consignes données à une thématique à aborder ou une problématique à résoudre, 3) propose l’accès à des contenus inspirants et formateurs, 4) rend possible l’analyse de la taxonomie des conversations en identifiant les objets sémantiques que sont notamment les Solutions / Problèmes / Arguments et leur synthèse, 5) génère des indicateurs quantitatifs et qualitatifs des conversations qui aident à l’animation d’une sélection des meilleurs fils de discussions et des solutions actionnables les plus innovantes par un jury et/ou par un module de priorisation en ligne par l’ensemble des participants.
  • Créer une nouvelle fiche de critères (quali/quanti) d’évaluation pour les membres du jury pour permettre de sélectionner les meilleures conversations, les communautés associées les plus actives et dynamiques et bien entendu, les solutions les plus actionnables pour répondre aux problèmes les plus critiques, fortes de la richesse des problèmes et des arguments qu’elles auront générée.
  • Imaginer un système de récompense adapté pour les participants aux fils de discussions en fonction de leur type et profil de contributions Leaders / Actifs / Réactifs / Apprenants.
  • Lancer les phases suivantes de mise en oeuvre des solutions actionnables en poursuivant plutôt une dynamique communautaire qu’un mode projet classique.
  • Et bien entendu, continuer d’itérer et d’améliorer le dispositif de ce nouveau format au fil des éditions à suivre avec l’exigence d’en faire une opportunité d’avantage compétitif par une maitrise supérieure à celle qu’en aurait d’autres acteurs concurrents.

 

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